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Les relations humaines et la justice sont tout aussi essentielles que les besoins organiques auxquels nos existences semblent être réduites. Comment remettre au cœur de nos existences cette question : qu’est-ce qui est vital ?
Nous vivons une mise en danger et une réorganisation globale de nos modes de vie, depuis les gestes les plus ordinaires, les relations les plus intimes, jusqu’à l’économie mondiale et à l’écologie de la planète. C’est très impressionnant ! L’expérience du vital est une expérience négative au sens où nous la ressentons en général à l’occasion d’une perte, d’un empêchement : la maladie, le deuil, la perte d’un emploi, une séparation… Tout ce que nous considérons comme le contraire de la vie. Nous faisons cette expérience collectivement et à toutes les échelles. D’abord, dans la dimension la plus urgemment vitale du vivant : nous sommes rappelés à notre condition d’êtres vivants, donc fragiles et mortels. Le vital s’éprouve dans son évidence nue. Il nous faut nous tenir vivants : nous protéger du virus, manger, boire, dormir… Mais nous éprouvons aussi le vital par la perte d’autres dimensions de l’existence, comme les relations humaines. J’insiste sur le fait que ces deux plans sont essentiels. Certes, les relations ne sont pas une condition de la survie en état d’urgence absolue – c’est d’ailleurs pourquoi nous pouvons en partie nous en priver ou les réduire –, mais elles ne sont pas pour autant un luxe, même en temps de crise. Les relations humaines sont ce liant, ce lien qui nous fait prendre conscience de notre appartenance, voire simplement de notre existence. Restons alors ouverts envers l’autre.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
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Non, pas tout à fait… Si l'entraînement est bien souvent la clef du succès, si la répétition peut nous offrir la fluidité ou la facilité, c’est sous certaines conditions : il faut répéter en aimant ce que l’on fait, prendre goût à la répétition en comprenant que c’est souvent une répétition heureuse qui permet une sortie de la répétition, s’entraîner en n’étant pas obsédé par le résultat, mais en sachant apprécier chaque étape, chaque progrès, même infime.
S’entraîner non pour s’assurer du succès, mais dans la joie de faire au mieux, d’œuvrer à réunir les conditions de ce succès – il viendra peut-être, mais par surcroît. S’entraîner non pour éradiquer le hasard, mais pour faire de la chance, patiemment, petit à petit, son allié.
Bonne reprise de vos activités sportives en plein air…
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
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En parcourant les photos de ces deux dernières années, j’ai été frappé de voir à quel point la pandémie et le rétrécissement de vie qu’elle a généré ont marqué les traits. Alors que le temps s’est tantôt démesurément dilaté, tantôt brusquement accéléré, au point que personne ne comprend comment le printemps peut (déjà !) pointer le bout de son nez quand l’hiver précédent semble toujours pris dans un épais brouillard.
Les visages sont la preuve vivante que quelque chose nous est arrivé. Et ce, quel que soit l’âge de la personne.
C’est plutôt une forme de gravité qui a gagné tous les regards. Cette gravité, au sens premier, tire vers le sol, rappelle notre propre poids, distend la matière. À croire que le virus s’en est aussi pris à nos réserves de collagène existentiel. Le négatif travaille. On peut y voir une métaphore des effets de la pandémie : elle ne nous a pas anéantis - ni rendus plus forts - mais nous a transformés en quelque chose d’autre.
Ce changement plus ou moins perceptible, on aime généralement le traquer sur les visages des personnalités politiques. En deux mandats, on avait vu les cheveux de Barack Obama blanchir. “Le pouvoir marque”, analysera-t-on doctement sur les chaines de TV. Le poids de la nation et des événements, vous comprenez. La seule différence, c’est que cette fois, nous l’avons tous collectivement porté*.
* Malheureusement la suite des événements du monde n’est pas meilleure...
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
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Nous n’avons jamais été mieux soignés. Et pourtant, la médecine, toute perfectionnée qu’elle soit devenue, ne nous satisfait pas. Il ne nous suffit pas, en accumulant visites, examens et traitements médicaux, de nous savoir en bonne santé.
Nous avons un besoin tout aussi vital de nous sentir en bonne santé. C’est pour cela que nous prenons soin de nous, que nous aimons de plus en plus le sport, la diététique ou les médecines douces. Mais comment articuler ces deux exigences ? Faut-il admettre qu’il y a un lien entre elles et que se sentir bien peut nous aider à prévenir les maladies ? Si l’hypothèse d’une action directe de l’esprit sur le corps est difficilement démontrable, il est certain qu’il existe de multiples circulations entre les deux. D’un côté, la récente découverte d’un second système neuronal dans les intestins relativise la souveraineté traditionnellement accordée au cerveau. De l’autre, la maladie modifie notre représentation du monde… Forts de ces constats, nous essayons de devenir les « auteurs » de notre santé. Au risque de tomber dans de nouvelles illusions ?
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
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L’Odyssée est le récit d'un saut dans l'inconnu, d'une aventure plus longue que prévu au cours de laquelle Ulysse va d'adaptation en adaptation. Établir un parallèle avec la pandémie et nos situations de confinés, déconfinés et reconfinés, est tentant…
Depuis mars 2020, l’expérience du confinement a fait de nous des êtres différents : séparés des autres vivants, entravés dans nos mouvements, privés de nos repères et de nos habitudes. Drôle d’aventure, qui n’est pas sans rappeler celle d’Ulysse naviguant à vue sur les mers de l’incertitude. C’est que, comme Ulysse, nous pensions que notre éloignement serait l’affaire de quelques semaines seulement. Et puis nous sommes tombés de Charybde en Scylla à l’annonce de chaque nouvelle mesure sanitaire. Nous avons dû faire le deuil de notre vie sociale, recomposer notre vie professionnelle, faire face à des moments de doute où nous nous sommes sentis bien seuls.
Si L’Odyssée semble entrer en résonance avec notre expérience du confinement, quelles leçons peut-on alors aller y puiser ?
Le premier, c’est que le voyage d’Ulysse se déroule dans un monde privé d’humanité, où chaque épreuve nous interroge sur ce que cela signifie d’être humain. Le second, c’est que le plus grand défi d’Ulysse, au terme de son périple, sera celui des retrouvailles.
« Comme Ulysse, nous avons désormais conscience de vivre dans un monde déshumanisé »
Ce que l’histoire d’Ulysse nous raconte, c’est l’expérience d’être plongé dans un monde qui n’est plus celui des humains. Alors que les visages de ses compagnons font place à ceux de créatures divines - la magicienne Circé, la nymphe Calypso - ou d’êtres sous-humains comme les Lestrygons cannibales, Ulysse comprend que son identité réside en des choses simples : « le fait de manger le pain et boire le vin », mais aussi « d’être vivant à la lumière du soleil, de voir les autres et d’être vu par eux ». Comme Ulysse, nous avons désormais conscience de vivre dans un monde déshumanisé : le masque qui cache notre visage, les interdictions de circuler librement, les écrans qui nous sont imposés pour travailler, tout cela nous éloigne de ce qui, autrefois, faisait le sel et le sens de la vie.
Et ce n’est pas tout. Aux Enfers, Ulysse croise Achille qui se lamente de n’être plus que l’ombre de lui-même. À quoi bon être auréolé de la gloire des actions héroïques, s’exclame le guerrier, si c’est pour être séparé des humains ? La question est loin d’être anodine : n’avons-nous pas aussi le sentiment d’être volés d’une part de notre vie lorsque nous sommes enfermés dans notre salon ? Ne constatons-nous pas que, privés d’échanges spontanés, de pauses-café sans agenda, nous sombrons dans l’automatisme ? Si nous n’y prenons garde, notre odyssée pourrait bien se faire en mode autopilote.
Heureusement, la fin du voyage est toute proche…
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
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C'est une sorte de faille dans l'histoire de la civilisation. Alors que l'humanité dispose de plusieurs vaccins à même de réduire la gravité de la maladie à coronavirus, d'aucuns décident en conscience de s'en passer. C'est leur choix dira-t-on. Sauf que ce choix ô combien discutable entraîne une saturation des services hospitaliers, réduits à déprogrammer moult opérations afin de soigner quiconque se présente aux urgences – vaccinés comme non-vaccinés.
Par la faute de quelques esprits « éclairés » qui considèrent les vaccins comme une invention du diable et s'en font le chantre dans les médias ou sur les réseaux sociaux, des gens de tout âge, de toute condition, de tout horizon, doivent prendre leur mal en patience et attendre que les hôpitaux se désemplissent afin d'être soignés à leur tour. On imagine sans mal le degré d'exaspération de ces malades contraints de laisser leur place à des individus qui, pour un grand nombre d'entre eux eussent-ils été seulement vaccinés, auraient pu se passer de toute hospitalisation.
Article publié sur Slate par Laurent Sagalovitsch.
https://www.slate.fr/story/220767/blog-sagalovitsch-longtemps-on-se-souviendra-egoisme-non-vaccines-covid-19
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Les gens souffrent et meurent du Covid aux soins intensifs, mais pour la population les soins intensifs représentent avant tout un système de prestations complexes et chères. Aussi émouvants soient-ils, les reportages qui y sont tournés n’arrivent pas à en traduire la charge de souffrance. Mais surtout, à propos de l’essentiel de l’expérience humaine, la machine à produire les sentiments contemporains que sont les réseaux sociaux reste muette. On y like par millions des vidéos de chats, de jeunes au look formaté qui s’exhibent en champions d’exploits inutiles ou encore on y passe des heures à échanger des propos d’une férocité et d’une grossièreté sauvages et d’une brutalité désinhibée. Pas de place pour l’expérience souffrante: le « mainstream » visuel se contente de broder avec le futile.
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En Suisse, ils seraient au moins 60’000 - soit un habitant sur treize - à venir en aide à un parent, un enfant, un frère ou une soeur, une voisine, un ami souffrant d’une maladie physique ou psychique, en situation de handicap ou simplement trop âgés pour vivre à domicile sans assistance. Ce sont des proches aidants. On nomme ainsi « toutes celles et ceux qui apportent une aide régulière, au moins une fois par semaine, bénévolement et de manière non professionnelle, à un proche.
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Les bactéries sont les habitants les plus connus de nos intestins. La plupart sont commensales, c’est-à-dire des germes inoffensifs qui se nourrissent des restes alimentaires. Certaines bactéries vivent en harmonie avec nous et produisent des substances essentielles, comme la vitamine B et K, ainsi que des acides gras à chaînes courtes, qui fournissent de l’énergie aux cellules de la muqueuse des intestins. Les autres bactéries sont quant à elles pathogènes - elles provoquent des maladies.
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La confusion est ébouriffante chez les "antivax". La médecine n’a jamais été et n’a jamais revendiqué le titre de science exacte et absolue. Devant un virus inédit, la connaissance, et donc l’information, scientifiques ne pouvaient être qu’approximatives et évolutives.
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Les débats du Parlement autour de mesures comme l’ouverture de la PMA à toutes les femmes ont largement éclipsé d’autres enjeux, portant notamment sur l’utilisation des données génétiques et la recherche sur l’embryon, qui posent aussi d’importantes questions éthiques.