Lorsqu’on discute de l’avenir de la politique de santé suisse en réfléchissant comment l’améliorer, c’est tout d’abord aux coûts que nous pensons… un élément crucial pour maintenir un système durable et financièrement viable. L’argent ne devrait pourtant pas être le seul aspect à prendre en compte dans l’optique d’optimiser notre système de soins.
La question des dents est par exemple souvent occultée. Il a été décidé qu’elle ne serait pas couverte par l’assurance de base. On s’y est donc habitué sur le plan politique. Lorsqu’il est question de coûts, ouvrir cette boîte de Pandore revient manifestement à commettre un sacrilège. D’un point de vue médical, il est toutefois absurde d’exclure la santé dentaire – il ne s’agit pas ici de sourires hollywoodiens, mais de maladies et de dégradations buccales qui peuvent détériorer la prise de nourriture ou provoquer des inflammations, entraînant à leur tour des affections qui touchent le corps entier, comme les maladies cardiovasculaires.
Des centaines de milliers de Suisses ne consultent pas le dentiste pour des raisons financières. Imaginons que l’assurance de base exclue les maladies affectant la main ou le pied, par exemple… Car après tout, les dents ne font-elles pas partie du corps humain ?
Si la classe politique s’intéresse à l’avenir, au lieu de détourner les fonds de l’assurance maladie à des fins politiques dans des initiatives et des campagnes électorales, elle ferait mieux de trouver des solutions reposant sur une approche globale, qui s’avérerait moins onéreuse si on comptabilisait l’ensemble des coûts.
Même si elle dérange, on est en droit de se poser la question: les dents feront-elles partie de l’équation ?
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire