Tandis qu’à Vienne, on enlève les noms aux interphones, les médecins allemands se demandent s’ils peuvent encore appeler les patients par leur nom devant le reste de la salle d’attente. Reste à savoir comment le facteur est censé faire sa tournée et s’il vaut mieux demander à « la dame avec la mycose » de se présenter.
Le secret médical existe depuis longtemps. Aussi, dans les pharmacies, chaque étiquette portant le nom d’un patient est collectée, déchiquetée et jetée séparément. On enlève celles où figure la posologie des médicaments qui nous sont retournés. Les cartouches usagées et les rubans des imprimantes sont éliminés séparément. Les caisses maladie n’ont pas le droit de recevoir plus d’information qu’il n’en faut pour facturer. Cela devrait pourtant être l’inverse. Récemment, un patient est venu avec une ordonnance pour un médicament onéreux, essentiel à son traitement. Comme ce dernier était soumis à une limitation, j’ai demandé à la caisse maladie s’il était pris en charge (si la garantie de paiement avait été accordée). Mon interlocutrice a refusé de me répondre. Motif: c’est une information protégée. Je ne suis pas d’accord. Surtout si c’est parce que l’on considère que moi, pharmacien, ne suis pas prestataire, à l’inverse du médecin. J’y pensais encore lorsqu’une employée de cette même caisse m’a appelé pour me demander quel patient venait de lui envoyer un reçu. Il était de nous ; on y voyait encore la date et le produit. Mais les noms du patient et du médecin étaient noircis (les inconvénients du papier thermique) et il n’y avait pas d’autre document joint, si bien qu’il était impossible de savoir qui l’avait envoyé. « Pouvez-vous me dire de qui il s’agit… ? » Bien sûr. Et puisque le patient était assuré auprès de la caisse en question, j’ai transmis l’information.
Le secret médical et la protection des données sont certes importants, mais il faut qu’ils soient utiles aux patients et non pas qu’ils servent d’excuses.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
