Parfois, lorsque je passe une commande chez le grossiste, j’ai peur de l’avenir: actuellement, 44 produits sont en rupture de stock dans ma pharmacie, dont des médicaments importants que j’aurais besoin pour mes patients. Quand je consulte www.drugshortage.ch, je vois que 309 médicaments sur ordonnance ne sont pas disponible.
Pour certains, il existe des génériques. Pour d’autres, il faut échanger les principes actifs, ce qui signifie un nouveau traitement. Je me rends compte à quel point nos possibilités en Suisse sont déjà limitées. Même pour les médicaments commercialisés ici, ce n’est pas l’opulence. Pour l’Aspirine, il n’existe qu’un seul générique en Suisse, un seul fabricant produit du sirop d’ibuprofène, et nous n’avons que deux type de sirop de paracétamol.
Il y a deux ans, la commercialisation du dernier sirop d’antibiotique trimétroprime a été temporairement arrêtée, après le retrait du marché du sirop d’origine (Bactrim). Pourquoi ? Non rentable suite à la baisse du prix prescrit par l’OFSP. Une solution a été trouvée, le prix été relevé à un niveau permettant de couvrir les coûts. mais cela nous montre que la Suisse est un petit marché. Les sociétés pharmaceutiques agissent selon des principes économiques. Et Madame Dupont n’aura pas son médicament aujourd’hui.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire