La sortie de Paul Hudson (Directeur Général de Sanofi) – "Les Américains auront le droit à la plus importante précommande de vaccins, parce qu’ils ont pris un risque pour financer ces recherches avant les autres, dès le mois de février" – ne relève pas de l’erreur de communication. Elle reflète l’esprit du marché mondial, dont la santé n’est qu’une branche, parmi les plus lucratives. Or ce marché s’est progressivement déconnecté de la collectivité. La mondialisation désolidarise l’économie du reste de la société, elle favorise le profit aux dépens de la justice et de la solidarité, et le libre-échange aux dépens des pays pauvres.
L'État serait plus efficace que le marché pour garantir la prospérité. Dans plusieurs pays, cette idée a séduit les deux bouts du spectre politique, à droite comme à gauche. À la faveur de la crise sanitaire, cet argument souverainiste a également gagné en importance dans le débat public. Il consiste tantôt à défendre la relocalisation de la production – afin de sortir de la dépendance vis-à-vis de l’étranger, principalement de la Chine et de l’Inde, dramatique en cas de crise –, tantôt à défendre un nationalisme agressif – comme aux États-Unis, où ce gouvernement est prêt à tous les coups sur le marché international pour honorer son slogan qui reste, malgré l’arrivée de Joe Biden : "America First".
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire